Archives de Tag: 1969

La guerre est finie ! (si vous le voulez)

Il y a tout juste 40 ans, en décembre 1969, John Lennon et Yoko Ono lançait à l’occasion des fêtes de Noël, une campagne un rien ambitieuse sous le slogan War Is Over (if you want it). L’ex-Beatle qui se reconvertissait alors dans la politique, avait pioché sans ses royalities pour financer et faire placarder dans les grandes capitales européennes d’immenses affiches reprenant ce slogan.

Le couple d’activistes publia deux ans plus tard un single intitulé Happy X-Mas (War Is Over), relativement dispensable. A l’inverse de la chanson de Scott Walker au titre similaire, War Is Over, enregistrée à la même époque et publiée sur l’album Til The Band Come In (1970) qu’il clôture (de la même façon qu’il clos Suspendue, court-métrage de Karine Wehbé et Philippe Azoury, tourné dans les décombres de la guerre du Liban de 2006). Chanson sublime et crépusculaire, peut-être sa plus belle, avant qu’il fasse le choix de se reconvertir, Dieu seul sait pourquoi, dans les reprises country.

> The War Is Over, Scott Walker (1970)
> Happy X-Mas (War Is Over), John Lennon (1969)
> Interview de Lennon sur RTL, 22 décembre 1969.

(If you want it…)

Hadopi, ou l’internet sous anesthésie

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Dans une interview à Playboy publiée dans le numéro de mars 1969, et que la revue Books cite dans sa dernière livraison, Marshall McLuhan expliquait que les médias, produits du cerveau humain, sont une « extension [du corps] de l’homme, qui induit chez lui des changements profonds et durables et transforme son environnement ». Après les inventions de l’écriture phonétique puis de l’imprimerie, celle des médias « électriques » introduisait à ses yeux une mutation beaucoup plus rapide et plus radicale encore que les précédentes : « Les médias électriques représentent une transformation totale et presque instantanée de la culture, des valeurs et des attitudes. »

Selon McLuhan, « le présent est invisible », c’est-à-dire que chaque fois que se produit une innovation importante, « le système nerveux central produit une anesthésie autoprotectrice » qui le prémunit contre la « pleine conscience » de ce qui lui arrive.

L’anesthésie, j’en connais un rayon et il semble bien que les promoteurs de la loi Hadopi soient sous l’effet d’un sédatif ultrapuissant, façon Tour de France, pour pondre une législation aussi inutile, totalement à contre courant de la révolution technologique en cours.

Le nouvel environnement créé par une innovation « ne devient pleinement visible qu’après son remplacement par un nouvel environnement : nous avons toujours un temps de retard dans notre vision du monde » poursuit l’américain. Du coup, on comprend qu’après coup.

L’editorialiste de Books note ainsi que, je cite, « la difficulté de comprendre la mutation présente et le mécanisme d’autoprotection décelé par McLuhan suscitent assez logiquement deux réactions contraires. La première consiste à se défendre contre le risque du nouveau en survalorisant les mérites de l’environnement précédent. La seconde consiste à se défendre contre la crainte de ne pas comprendre en survalorisant les mérites du nouvel environnement, tel du moins qu’on le perçoit ».

Hadopi est clairement dans le premier camp. Et vous ? Quant à moi…

Au lit et au travail

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Il y a 40 ans jour pour jour, le 26 mai 1969, John Lennon et Yoko Ono entamaient une campagne pour la paix intitulée « Bed-In for Peace » consistant à rester au lit sous l’œil des caméras et des journalistes du monde entier en signe de protestation contre la guerre. « Nous sommes une campagne de pub pour la paix » avaient alors déclaré les deux jeunes mariés qui avaient choisi de passer leur honey moon en public et en pyjamas.

Cet événement eu lieu dans les chambres 1738 et 1742 du Queen Elizabeth Hotel de Montréal (on est très précis à Il Est Cinq Heures) où John & Yoko, au lit, répondaient aux questions des journalistes entre deux refrains de Give Peace A Chance, hymne pacifiste composée pour l’occasion et enregistrée en direct dans la chambre d’hôtel.

Jerry Levitan, 14 ans à l’époque, avait réussi à se faufiler dans la chambre d’hôtel muni d’un magnéto. Il a réalisé l’an passé un très beau court métrage d’animation (nominé aux Oscars) racontant cette rencontre surréaliste et intitulé I Met The Warlus (un site lui est consacré).

Quarante ans après cet acte artistico-militant en forme de happening baba mais pas con, l’inénarrable Frédéric Lefebvre, porte-flingue officiel de Sarko, est sorti de son lit hier matin avec une idée brillante : en cas d’arrêt maladie, le salarié pourra travailler depuis son lit, comme John & Yoko. Fallait juste y penser. Comme John & Yoko.

Ecouter et télécharger illégalement (rien que pour emmerder Frédéric L.) le premier rap acoustique hippie : Give Peace a Chance.